La gestion de la douleur est un des principaux motifs de consultation en sophrologie.

La douleur est variée, elle peut toucher tout le corps et se manifeste sous différentes formes : des céphalées aux lombalgies, en passant par les douleurs rhumatismales, l’arthrose, les douleurs neuropathiques, la fibromyalgie mais aussi les douleurs dues à des actes chirurgicaux per et post opératoires, sans oublier toute la palette des douleurs féminines et gynécologiques dont celles de l’accouchement.

Quelque soit l’origine objective de la douleur, elle reste unique et ressentie par la personne de façon subjective.

C’est dans ce sens que la sophrologie peut venir en soutien aux patients douloureux grâce à divers outils comme la respiration ou la visualisation positive par exemple.

Connaître ces différentes techniques permettra à la personne douloureuse d’aborder différemment sa douleur, de mieux la gérer et donc de la vivre plus sereinement.

 

Contexte et conséquences

La douleur est un ressenti connu de tous. Un Français sur deux vit même actuellement avec une douleur aiguë ou chronique, si l’on en croit le résultat du sondage réalisé par CSA pour le laboratoire Sanofi à l’occasion de la journée mondiale de la douleur. Sur les douze derniers mois, ce sont plus de neuf personnes sur dix qui affirment avoir ressenti des douleurs. Sans grande surprise, la majorité des plaintes concerne le mal de dos (67%) et le mal de tête (62%).

Les douleurs chroniques sont particulièrement difficiles à évaluer. En France, 12 millions de personnes souffriraient de ces maux quotidiens.

Avec le temps, la douleur provoque diverses réactions psychologiques : anxiété, insomnie, fatigue, tension nerveuse, repli sur soi, démoralisation, dépression, etc. Elle se répercute sur le travail, les loisirs, les relations familiales et amicales… La personne peut alors se sentir isolée, incomprise. Tout ceci contribue à entretenir la douleur. Ainsi s’installent des cercles vicieux. La douleur chronique peut alors se trouver à l’origine de la perte de son emploi ou d’une dépression.

Il est donc nécessaire que la prise en charge de la douleur chronique soit une priorité dans les établissements de santé et c’est chose faite depuis 2004 puisque la lutte contre la douleur est devenue une priorité de santé publique inscrite dans le code de la Santé publique : « toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute circonstance prévenue, évaluée, prise en compte et traitée » (article L1110-5).

 

Qu’est-ce que la douleur ?

Selon l’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP), « la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans ces termes ». La douleur reposant donc avant tout sur le ressenti du patient, cela la rend difficile à quantifier et à qualifier. De plus, elle n’est pas systématiquement liée à une lésion, une caractéristique qui complexifie sa prise en charge.

La douleur est donc subjective et peut ainsi être ressentie de façon plus ou moins intense selon les individus, leur degré de sensibilité, mais aussi, nous le verrons plus loin, l’attention qu’ils portent à cette dernière.

On distingue habituellement deux catégories de douleur, aiguë et chronique, en fonction de leur durée :

  • La douleur aiguë est intense, mais souvent brève. C’est celle que l’on ressent en se coupant le doigt, par exemple. C’est un signal d’alarme qui permet de rechercher la cause, elle a donc un rôle protecteur.
  • La douleur est dite chronique lorsque la sensation douloureuse excède trois mois et devient récurrente. Entrent dans cette catégorie certaines douleurs musculaires, les migraines ou encore des douleurs associées à des lésions nerveuses.

Différentes formes de douleurs peuvent en outre être distinguées selon les mécanismes physiologiques mis en jeu :

  • la douleur nociceptive: elle est causée par une lésion de l’organisme, c’est à dire d’une partie du corps comme un muscle ou un os. Lorsqu’une partie du corps est endommagée, des capteurs de la douleur (appelés nocicepteurs) envoient des messages de douleur au cerveau le long des nerfs périphériques et de la moelle épinière. La douleur est ressentie comme constante, localisée et souvent comme persistante ou pulsatile. C’est le type de douleur le plus fréquent. Les exemples de causes de ces douleurs nociceptive sont les fractures, les brûlures, les hématomes, les coupures et les inflammations. Une fois ces lésions de l’organisme réparées, la douleur disparaît généralement.
  • la douleur neuropathique : elle est causée par une lésion du système nerveux ou une atteinte des nerfs eux mêmes. Les nerfs peuvent être lésés par blessure, mais également pincés par des tumeurs et du tissu cicatriciel, ou irrités par une infection comme un zona. La douleur neuropathique se manifeste souvent par des sensations continues comparables à des brûlures, des coups de poignard ou des décharges électriques. Son intensité est variable et elle peut durer plusieurs mois ou plusieurs années, longtemps après la guérison de la cause apparente. Les exemples de cause de ces douleurs neuropathiques sont les infections, les troubles du métabolisme comme le diabète et toutes les compressions nerveuses que sont les hernies discales, les douleurs du canal carpien, les névralgies ou les fibroses post chirurgicales mais aussi les douleurs cancéreuses et celles dites du « membre fantôme ».
  • la douleur psychogène : elles sont dues à des dysfonctionnements du système neuropsychique comme les troubles émotionnels ou psychiatriques. Ce sont donc des douleurs qui n’ont aucune cause somatique et proviennent d’un retentissement psychologique. Ce qui rend difficile l’évaluation de ces douleurs, c’est que d’une part, leur description est subjective et donc variable et que, d’autre part, elles peuvent être associées à d’autres types de douleurs. Il est parfois difficile de différencier les mécanismes les uns des autres. Par exemple, dans le cadre des douleurs cancéreuses, la douleur psychogène est une composante psychologique qui est associée à un autre mécanisme de douleur. La prise en charge des douleurs psychogènes peuvent nécessiter l’aide d’un psychiatre ou d’un psychologue.

Dans certains cas, comme la fibromyalgie, les troubles fonctionnels intestinaux, aucune lésion (nociceptive ou neurologique) ne peut être identifiée : les mécanismes de ces douleurs sont encore mal connus. Le terme de douleurs dysfonctionnelles a été proposé pour les nommer, car ces douleurs pourraient être liées à des dysfonctions des systèmes endogènes de modulation de la douleur.

Vidéo explicative de la douleur et de son fonctionnement :

https://youtu.be/9qJuARzD9d4

 

Les facteurs aggravants de la douleur

  • les croyances inconscientes
  • Une croyance inconsciente est une certitude que l’on se fait sur soi, sur les autres, sur une expérience ou sur le monde. C’est une idée généralisée, que nous déduisons à partir des différents événements qui marquent notre vie et qui devient un principe de base qui va guider tous nos choix, nos décisions, nos perceptions et nos réactions durant toute votre vie.

    Il y a des croyances aidantes comme penser que la vie est belle, que les échecs sont des occasions de grandir et d’apprendre, que nous sommes quelqu’un de bien… Ces croyances nous tirent alors vers le haut et nous aident à nous surpasser, à prendre confiance en nous et en le monde.

    Mais il existe aussi des croyances plus limitantes, plus enfermantes : « la vie est dure », « je suis nulle, je ne suis pas à la hauteur », « pleurer c’est être faible », « les hommes sont tous les mêmes »… Les comportements vont être alors complètement différents, selon la croyance qui nous anime !

    Plusieurs études ont montré que les croyances des patients jouent un rôle important dans la douleur, sa perception, son seuil d’intensité et même aussi dans la bonne ou mauvaise réaction à certains traitements.

    Le sophrologue s’attachera donc à apporter des changements de perception sur beaucoup de croyances récurrentes de la douleur, concernant par exemple son origine, son intensité, sa temporalité, son sens, son devenir, son contrôle…

  • L’attention portée à la douleur
  • Les phénomènes d’attention jouent un rôle capital dans toute douleur chronique.

    En effet, de temps en temps, lors de certaines activités, vous ne pensez plus à votre douleur et n’avez pas mal ou moins mal. Diriger son attention, c’est fixer son esprit sur quelque chose de particulier et, de ce fait, délaisser d’autres sources d’information. Comme toute perception, la douleur est influencée par des phénomènes de distraction, de détournement de l’attention. Les études scientifiques confirment qu’une douleur augmente lorsque l’attention du sujet est focalisée sur sa douleur.

    Par exemple, lors d’un repas entre amis, il y a deux conversations : une qui est bruyante et sans intérêt et l’autre qui est discrète, plus difficile à écouter mais tellement plus intéressante. Votre organisme, votre cerveau, doit faire une sélection. Vous devez détourner votre attention de la conversation bruyante, pour mieux vous concentrer sur la plus discrète. Ainsi, la douleur peut être comparée à la conversation bruyante et dépourvue d’intérêt : tout doit être fait pour ne pas l’entendre. Détourner son attention vers des conversations intéressantes, c’est, dans le cas de la douleur, prêter attention à toutes les occupations, loisirs, discussions ou activités qui éloignent l’esprit de la douleur. En sophrologie, l’attention du patient sera portée sur des sensations agréables dans d’autres parties du corps ou grâce à des visualisations de lieu ou de situations positives et apaisantes.

  • Le vécu de la douleur
  • Une douleur chronique entraîne souvent un sentiment de colère, d’incompréhension, de frustration, d’injustice face aux répercussions de cette douleur sur sa vie.

    En effet, la douleur peut avoir des conséquences sur le travail, le couple, les relations amicales, les loisirs…

    Le combat et la souffrance intérieure qui viennent alors accompagner la douleur physique ne font bien souvent que l’aggraver.

    Accepter la réalité de cette douleur, porter un regard différent sur ses conséquences, ouvrir son regard sur les réactions de notre entourage, développer ses capacités de communication, tout ceci permet un travail de lâcher-prise et ainsi de mieux vivre cette douleur. C’est un des objectifs de la sophrologie dans la prise en charge du patient algique.
     

    La sophrologie pour aider à gérer sa douleur

    En associant des techniques de respiration, de relaxation, de méditation et de visualisation positive, la sophrologie permet d’agir sur la douleur elle-même, sur sa perception par la personne et sur ses causes psychogènes.

  • Les bienfaits de la relaxation
  • En effet, la relaxation permet de réduire des douleurs liées à des tensions du corps.

    En cas de stress, le tonus musculaire augmente pour permettre au corps de réagir grâce à l’adrénaline. Si le stress persiste, le système nerveux va envoyer une quantité trop importante d’adrénaline aux muscles pendant une durée trop longue. Ces derniers vont donc se retrouver en état d’hyperactivité, entraînant une fatigue et des douleurs musculaires.

    La relaxation agira donc à la fois sur le stress mais aussi sur les tensions musculaires liées à ce dernier.

  • Apprendre à mieux respirer pour se détendre
  • La respiration abdominale, quant à elle, engendre le déclenchement du système nerveux para-sympathique. Il s’agit d’une respiration lente et profonde où le diaphragme permet un va-et-vient du souffle jusqu’au fond des poumons. Le système parasympathique bloque alors les effets anxiogènes du système sympathique : il y a augmentation du taux d’acétylcholine, ralentissement des pulsations cardiaques, baisse de la tension artérielle, relaxation des muscles, entraînant ainsi un état de calme, la tension du corps se relâche un peu plus à chaque expiration…

    Bébés, nous avons tous commencé par respirer par l’abdomen. A l’âge adulte, en revanche, nous respirons presque tous par le thorax plutôt que par l’abdomen, ce qui rend la respiration superficielle et stimule le système sympathique, favorisant ainsi tensions et anxiété.

    En travaillant la respiration, grâce à la sophrologie par exemple, il y a étirement des muscles respiratoires, qui deviennent plus élastiques, et stimulation du système nerveux para-sympathique, apportant alors une détente corporelle et moins de douleur.

  • Développer la visualisation positive
  • Le principe de la visualisation positive est que toute image mentale positive se répercute à la fois sur le psychisme et sur le corps. Notre cerveau ne faisant pas la distinction entre une image réelle et une image générée par notre imagination, le vécu imaginaire positif va s’inscrire en nous comme une expérience vécue. C’est pour cela que la sophrologie utilise la visualisation positive.

    De plus, cette dernière entraîne la sécrétion d’endorphine. L’endorphine est un opiacé naturel sécrété par le cerveau, dont la fonction est de soulager le stress et de provoquer une sensation de détente, de bien-être comme après un exercice physique, un très bon repas ou un fou rire. En effet, les vrais sourires, appelés aussi « sourires de Duchenne », libèrent des endorphines et donnent ainsi un « coup de fouet ». Un « sourire Duchenne » est un sourire authentique, qui implique le visage dans sa totalité et surtout les yeux. Il est impossible de le simuler et il se produit seulement quand vous vous sentez vraiment comblé.

    Ainsi, les visualisations où la personne revivra un moment agréable permettront de sécréter cette hormone d’endorphine.

    La sophrologie, en replongeant la personne dans un souvenir agréable ou en visualisant un lieu rassurant et apaisant, permettra donc diminuer la sensation de douleur et d’apporter un plus de détente et de bien-être à la personne.

     

    En apprenant au patient à se servir de ces différentes techniques, l’objectif de la sophrologie est d’aider ce dernier à acquérir une autonomie dans la gestion de sa douleur. Elle est donc particulièrement indiquée dans le cas de douleurs chroniques.

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